Jean David SabanPeintre Graveur
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10 ans de peinture : Analyse d’une démarche

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu le besoin de peindre, de dessiner... pour répondre à toutes mes interrogations sur l’existence, mes doutes, pourm’aider à vivre. Tout simplement pour être plus conscient, être plus heureux.
Delacroix écrivait : « le dessin est ma prière quotidienne ».
Je dirais tout d’abord, avec un peu de provocation, que le premier "travail" pour un artiste, c’est de ne rien faire !

Apprendre à voir, à sentir, à aiguiser sa sensibilité. En réalité, c’est l’apprentissage de la vie elle-même, avec ses joies et ses peines, qui constitue son matériau brut. L’un de mes maîtres Zen que j’ai longtemps côtoyé dans ma pratique de la méditation disait sous une forme un peu énigmatique : « vous devrez faire le maximum pour atteindre votre véritable nature..., les arbres, les rochers, les montagnes, eux aussi font le maximum ».
Le paysage est un état de l’âme... Choisir de peindre des paysages, c’est comme faire une suite d’autoportraits, parler de soi par le biais d’une plage, d’un ciel, d’une ville.

Jean-Claude, un ami, me faisait hier cette remarque : « tes villes et tes paysages sont vides de personnages et pourtant tes tableaux rayonnent d’humanité ».

Etang de Thau

Avec le paysage, j’ai besoin d’une impulsion de départ, d’une inspiration, d’une émotion forte sur le réel, pour ensuite amener la peinture autre part. Je dis souvent que je me charge comme un capteur solaire devant la beauté. Et cependant, m’extasier devant un paysage juste pour moi-même ne me suffit pas. J’ai un fondamental besoin de partage, une insatisfaction première, cette nécessité de témoigner, même si je ne ramène que des bribes, des miettes de cet émerveillement...

Donc au départ, il y a cette sorte d’illumination silencieuse, comme un survoltage, une augmentation de puissance du paysage que je regarde, que je dessine ou que je photographie. Ce n’est qu’ensuite, dans la solitude de mon atelier que s’opèrera lentement une transfiguration du réel, une sublimation du paysage : mélange subtil entre mes notes sur le motif, les souvenirs de ce lieu et la réinvention de la mémoire. C’est dans l’atelier que je pousserai des audaces de composition, des cadrages étranges, des partis pris vers l’abstraction.

Dans le très beau discours du prix Nobel, "discours de Suède" d’Albert Camus, l’écrivain dit : « l’artiste doit savoir le degré de réalisme dont il a besoin dans son œuvre ». Il pensait bien-sûr à la littérature, mais cette réflexion s’applique tout autant à l’art de peindre figuratif.

Le sujet est toujours à la fois primordial et dérisoire, essentiel et prétexte. Bien-sûr Picasso disait « il ne faut peindre que ce que l’on aime ». Mais la seule question à se poser face à une toile n’est pas de savoir ce qui est nommé, représenté ici, mais bel et bien COMMENT cela est peint, quelle est la texture, la peau de cette peinture, sa sensualité ou sa violence, sa lumière ou son rayonnement.

Et bien entendu, au bout du compte, la technique se trouve dépassée par une autre question essentielle : « ce tableau, ce paysage nous touchent-ils oui ou non ? »

Paul Eluard écrivait : « le poète est celui qui inspire, bien plus que celui est inspiré »

Jean-David Saban, Hôtel des Barons de Lacoste
Pézenas Août 2016

  • Etang de Thau I
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